BLOG / ACTUS

BLOG / ACTUS

Projet Cavalleria Rusticana

Pas de commentaire Non classé

Le Projet

Le projet « Cavalleria Rusticana », porté par la cantatrice Malika Bellaribi Le Moal et son association « Voix En Développement » a pour objet de rassembler des femmes et des enfants de Paris, de Créteil, de Bondy et de Villeurbanne pour de les faire chanter l’opéra « Cavalleria Rusticana » de Pietro Mascagni.

Tout au long de l’année, des formations au chant lyrique sont organisées dans les centres sociaux de ces villes, ou encore à l’hôpital Broca dans le 13e arrondissement de Paris. La troupe de Malika Bellaribi Le Moal, ainsi formée de chanteurs amateurs et de solistes et instrumentistes professionnels se produit dans des salles de spectacle ou lors de festivals de musique classique, en France et en Europe.

 

Objectifs

. Technique vocale du chant lyrique :

 

  • Capacité à tenir sa ligne musicale
  • Capacité à suivre la direction du chef d’orchestre
  • Acquérir la rigueur la responsabilité de monter sur scène
  • Capacité à privilégier l’ensemble et non son pupitre
  • Capacité à garder le rythme avec les solistes et l’orchestre

 

. Restauration des règles de la réussite et du lien social :

 

  • Aider les participants à retrouver l’estime d’eux-mêmes, l’envie et le goût de réussir. Leur permettre de vivre une expérience de valorisation qui les installe dans une dynamique d’apprentissage. La plupart d’entre eux reprennent des études, entament des formations et retrouvent du travail. Tous témoignent de répercussions très importantes sur la place qu’ils envisagent pour eux au sein de notre société.

 

  • Amener les participants à s’interroger sur l’égalité hommes / femmes, sur les discriminations, sur les représentations et images des femmes dans la société contemporaine et plus particulièrement dans les quartiers dits « sensibles » en abordant une œuvre musicale traitant du thème de l’excommunication.

 

  • Former chaque participant à la technique vocale du chant lyrique et le faire participer à un spectacle professionnel.

 

  • Offrir à travers la formation et les représentations un accès à la musique classique, favoriser l’égalité d’accès à la culture et au savoir.

 

  • Favoriser la circulation des participants dans les quartiers, les villes et les pays d’Europe en prenant en charge leur déplacement, leur logement et leur nourriture lors des représentations et des stages.

 

  • Valoriser la reconnaissance mutuelle et la participation des citoyens de l’ensemble de ces territoires à la communauté nationale.

 

  • Faire s’interroger les participants sur leur bien-être, le fonctionnement de leur corps et l’intérêt qu’il y a à l’aimer et à en prendre soin.

Action

Le projet « Cavalleria Rusticana » est un projet artistique complexe visant à la création d’un opéra et à sa représentation par des artistes solistes professionnels, des instrumentistes professionnels et un chœur composé d’amateurs. Il permet à chacun des participants de vivre l’ensemble les différentes étapes de la construction d’une oeuvre musicale.

 

La formation se décompose en 3 volets :

  • .  Des cours hebdomadaires de janvier à décembre 2016,
  • .  une série de 8 stages intensifs,
  • . des représentations dans les quartiers, les villes participantes, dans une grande salle parisienne et dans de grandes salles européennes.

 

Cours hebdomadaires de janvier à décembre 2016 :

Pour enfants, adolescents, et femmes : enseignement de la technique vocale de l’art lyrique (accessible à tous sans audition). Ces cours sont dirigés par Malika Bellaribi Le Moal, accompagnée d’un pianiste et d’une soliste. Ils ont lieu dans les centres sociaux des villes de Créteil, Bondy, Nanterre, Villeurbanne et à l’hôpital Broca dans le 13e arrondissement de Paris à raison de 2 heures hebdomadaires durant 42 semaines.

  • Les participants sont mobilisés par les centres sociaux et leurs partenaires associatifs.

 

Stages intensifs :

6 à 8 stages de 2 jours, à raison de 5h/jours.

Ces stages sont organisés dans les structures partenaires de l’association « Voix En Développement ».

Les représentations :

Dans les quartiers, à Paris et au- delà en Europe.

Des représentations scéniques intermédiaires dans des lieux emblématiques des quartiers de provenance des participants et dans des conditions professionnelles sont mises en place. Cet aboutissement des efforts consentis et du travail réalisé reste la plus belle récompense offerte aux participants et une des meilleures motivations. Leur famille, leurs amis, leurs collègues, leurs voisins et toutes les personnes du quartier doivent pouvoir assister à ce spectacle. La gratuité et la facilité d’accès sont des conditions importantes de valorisation de leur travail.

 

Mais d’autres représentations sont prévues, telles que :

 

  • 11 mai 2016 : Représentation à l’opéra de Massy
  • 27 – 28 mai 2016 : Représentations au château de Ligoure (87).
  • 16 juin : Atelier de sensibilisation au chant à la prison de Châteaudun (28)
  • 21 juin 2016 : Fête de la musique à l’hôpital Broca
  • 3 et 9 juillet : Festival dialogues en humanité (représentation au Parc de la Tête d’Or, à Lyon le 3 juillet 2016, puis au « Grand parc », toujours à Lyon le 9 juillet 2016.)
  • 1er au 10 août 2016 : Festival Bouche à Oreille en Gascogne
  • 26 septembre : Défestival au champ de mars (75)
  • 8 octobre 2016 : Auditorium de Villeurbanne
  • novembre 2016 : Auditorium de Bondy
  • décembre 2016 : Auditorium de Créteil
  • Représentations à l’échelle européenne (Partenaires pressentis : Maison de la Culture et la Cohésion Sociale à Molenbeek en Belgique, Schlesische 27 à Berlin en Allemagne…).
  • Représentation dans une grande salle parisienne dans le courant de l’année 2016.

 

Le Choix de « Cavalleria Rusticana »

Malika Bellaribi Le Moal fait le choix d’opéras dont les histoires et les traitements trouvent des résonnances dans la vie des habitants des quartiers défavorisés.

Voici l’histoire de « Cavalleria Rusticana, composé en 1890 par Pietro Mascagni. Un opéra qui a la particularité de se dérouler en un seul et unique acte.

 

Un village en Sicile… Lorsqu’il part à l’armée, Turiddu est fiancé à Lola. Mais à son retour, il retrouve celle-ci promise à Alfio.

Turiddu se tourne alors vers Santuzza qui l’aime elle d’un amour passionné.

Pourtant, Turiddu n’abandonne pas sa relation avec Lola.

 

L’action prend place au matin du dimanche de Pâques, au pied de l’église…

Santuzza, dévastée par l’attitude de son bien-aimé, se confie à Mamma Lucia, la mère de Turiddu. Puis après avoir une dernière fois tenté de persuader Turiddu de quitter Lola et de lui revenir, enragée, elle raconte toute l’histoire à Alfio, l’époux de Lola. Les deux hommes n’ont d’autre choix que de s’affronter dans un duel au couteau qui laissera Alfio vainqueur.

La scène se déroule au pied de l’église du village dans laquelle Santuzza ne peut plus rentrer. Elle a été excommuniée par les villageois pour avoir pêché en dehors des liens du mariage. Cette femme passionnée se heurte au poids des valeurs portées par la religion, les normes sociales et morales.

Et chacun des personnages subit à sa manière une violence rentrée et permanente, une tension entre sa vie intime et le regard des autres.

L’association « Voix en développement »

L’action de l’association « Voix en Développement » consiste depuis 1999 à développer des opéras avec des habitants des quartiers populaires victimes de ruptures de lien. L’association s’adresse en priorité aux femmes et aux enfants de ces quartiers.

 

Chez les enfants, ces ruptures sont souvent liées au manque de disponibilité des parents (chômage, précarité…) et provoquent une insécurité qui ne leur permet pas de développer normalement leurs capacités d’apprentissage ou leurs facultés relationnelles.

Les femmes en position sociale difficile sont elles souvent confrontées à la difficulté de penser et de s’exprimer. Humiliées, elles ont perdu en grande partie l’estime d’elles-mêmes.

 

Les différents projets d’opéras déjà menés toutes ces années ont provoqué des changements significatifs dans la vie des participants.

Les enfants ont plus de capacité de concentration, ils sont plus calmes et apprennent mieux. Ils s’ouvrent à un monde qu’ils ne soupçonnaient pas.

Les femmes gagnent en confiance en elle.
La réussite vocale et scénique est un objectif qui leur permet de retrouver une identité, une autonomie et de la sérénité.

Elles reprennent possession de leur corps, apprennent à contrôler leur voix… et par là même leurs émotions. La plupart d’entre elles sont dans des situations familiales complexes, qui semblent les dépasser. Avec la pratique rigoureuse du chant il leur apparaît possible de retrouver la maîtrise de leur vie. Elles sont nombreuses à avoir ensuite retrouvé un travail et des relations plus sereines avec leurs enfants.

 

Les projets menés sont très ambitieux et ils ont très largement prouvé leur efficacité pour permettre aux participants de développer leur envie de réussir, leurs capacités à dépasser les échecs et retrouver le sentiment d’appartenance à notre société.

 

Pour accompagner ces participants, Malika Bellaribi Le Moal forme à sa pédagogie des artistes désireux de suivre ces enfants et ces adultes sur ce chemin de vie. L’engouement de plus en plus fort des professionnels pour le projet témoigne de l’intense bonheur ressenti par tous à faire se rencontrer deux mondes qui semblaient s’opposer.

Approche pédagogique

Malika Bellaribi Le Moal a construit une pédagogie innovante en s’inspirant des différents traités sur l’art du chant et en adaptant les outils les plus efficaces et les plus rapides. Elle emprunte aussi bien à Manuel Garcia, directeur de troupe et grand pédagogue sévillan du XIXe siècle, qu’à Richard Miller pédagogue contemporain, créateur d’un laboratoire d’art vocal ou encore à Laurence Albert, qui l’a formée au sein de la Julliard School. Elle a ensuite étoffé sa méthode grâce aux écrits de la psychophoniâtre Marie- Louise Aucher (“L’homme sonore”).

 

La grande exigence du chant lyrique réside dans la particularité que les voix (comme les instruments qui les accompagnent), ne sont pas sonorisés. Tout en restant harmonieuses elles doivent passer au-dessus du volume sonore des instruments accompagnateurs et pouvoir être entendues de n’importe quel endroit de la salle de spectacle.

 

A la rigueur de la technique nécessaire pour obtenir ce résultat Malika Bellaribi Le Moal allie son sens de la communication et établit un contact fort et direct avec ses élèves. La méthode d’apprentissage qu’elle met en œuvre fait appel à leur énergie et cherche à bousculer leurs réticences et leurs peurs.

 

Chaque semaine, elle articule ses cours autour d’un travail de détente corporelle et d’équilibre entre les résonances physiques osseuses et la respiration diaphragmatique.

Les participants sont mis en phase d’exploration corporelle et sensorielle. Le travail pédagogique est ludique : pailles, bouchons, mouchoirs, feuilles de papiers, verres, chaises, tête à l’envers, course, danse, expression corporelle, grimaces, etc. sont autant d’outils utilisés lors des exercices pour faire “sortir la voix”.

 

Les conditions au résultat vocal :

Pour obtenir un résultat vocal autorisant une prestation visant l’excellence, il faut permettre au temps de laisser s’imprimer les empreintes corporelles du chant. Une fois les premiers mois passés, des stages plus intensifs sont mis en place.

Dans ce cadre pédagogique, cela nécessite au minimum :

 

  • des enseignements hebdomadaires de 2h sur une période de 8 à 12 mois,

 

  • 6 à 8 stages de 2 à 5 jours consécutifs (en week-end par exemple, 5h/jour de stage),

 

  • des représentations scéniques intermédiaires dans des lieux emblématiques des quartiers de provenance des participants et dans des conditions professionnelles. Cet aboutissement des efforts consentis et du travail réalisé reste la plus belle récompense offerte aux participants et une des meilleures motivations. Leur famille, leurs amis, leurs collègues, leurs voisins et toutes les personnes du quartier doivent pouvoir assister gratuitement à ce spectacle,

 

  • une deuxième représentation dans un lieu de spectacle ayant une renommée au-delà de la commune.

 

Chaque séance de travail nécessite la présence d’une pianiste-répétitrice qui accompagne les
participants (pour les aider dans leur apprentissage valoriser le résultat de l’élève).

 

Une dimension psychologique :

Pratiquer le chant lyrique et se confronter à la rigueur de son enseignement permet d’entourer les participants de la sécurité affective dont ils manquent souvent. Ils développent alors plus d’autonomie, d’affirmation de soi et le goût de l’effort.

Ils apprennent à laisser parler les peurs, les joies et les tristesses qu’ils ont souvent enfouies. Ils apprivoisent ces émotions et s’en servent pour incarner les drames, les dérisions, l’amour, les clins d’œil sur nos sociétés et enrichissent alors de leur vécu les interprétations des chœurs des grands opéras lyriques.

 

Souvent, des difficultés comportementales et émotionnelles bloquent le processus d’apprentissage. Malika Bellaribi Le Moal utilise alors les recherches de John Bowlby, psychanalyste anglais, célèbre pour ses travaux sur l’attachement.

 

Une conférence présentée par lui en 1970 sur le thème «  Confiance en soi, autonomie et ce qui y contribue » a particulièrement éclairé sa pratique de la pédagogie :

« Il est de plus en plus démontré que le bonheur et l’efficacité créative sont à leur maximum chez les êtres humains, de tous les âges, lorsque ceux-ci sont assurés de la présence, à leur côté, d’une ou de plusieurs personnes de confiance pour leur venir en aide en cas de difficulté. (…) La nécessité d’avoir une figure d’attachement, une base sécure personnelle, n’est en aucun cas réservée aux enfants, même si, en raison de son caractère impérieux dans les premières années, c’est là qu’elle est la plus évidente et qu’elle a été la plus étudiée. Les valeurs de la culture occidentale conduisent souvent à négliger voir à dénigrer ce besoin de base sécure chez l’adulte ». J. Bowlby

 

Aucun participant ne rencontre les mêmes difficultés. Malika identifie pour chacun d’entre eux, les raisons physiques et/ou psychologiques aux problèmes vocaux. Elle trouve des solutions spécifiques adaptées pour chaque participant grâce à sa créativité relationnelle.

Cela signifie qu’elle provoque des réactions spontanées chez les participants lors des cours de chant et en valorise les résultats. L’énergie qu’ils pourraient alors diriger contre eux (par la dérision, les moqueries, le pessimisme…) est alors orientée positivement afin de les faire avancer vocalement et de leur montrer que ce qu’ils réalisent spontanément est utile.

 

Nous sommes particulièrement attentifs à la bienveillance des intervenants professionnels qui accompagnent Malika Bellaribi Le Moal dans la formation et la direction des participants. C’est pour nous un élément indispensable pour accompagner les participants dans une expérience qui bouleverse leur vie.

 

En plus de sa recherche de l’excellence notre troupe lyrique se veut une formation concrète et directe à la création artistique et à la réussite.

malika-site

 

« Une diva dans les quartiers», un projet porté par la cantatrice Malika Bellaribi Le Moal

 

Malika Bellaribi Le Moal est une cantatrice mezzo-soprano aujourd’hui accueillie par les plus prestigieuses scènes du monde.

 

Après sa formation au conservatoire international de musique de Paris puis à l’école normale de musique de Paris, elle s’installe dans les années 90 au théâtre du Renard à Paris. Cette salle de spectacle est alors un lieu de création bouillonnant, sur les traces du théâtre du soleil d’Ariane Mnouchkine. Malika Bellaribi Le Moal y propose à un public de plus en plus large des récitals qu’elle entrecoupe de saynètes, s’attachant à raconter des histoires au public.

 

Elle poursuit ensuite sa carrière en créant elle-même ses spectacles à partir de thèmes regroupant les airs de mezzo-soprano des plus grands opéras : «l’Opéra dans tous ses états», «L’Opéra et ses petites fatalités», «les héroïnes de la méditerranée ». Elle se produit alors dans des salles prestigieuses comme à Gaveau (où elle enregistre son premier album live), à Pleyel, à l’Opéra National du Rhin, à l’UNESCO, au festival Rossini de Pesaro en Italie et à Berlin en Allemagne.

Son talent s’épanoui dans l’interprétation de nombreux rôles-titres comme une remarquable Dalila pour « Samson et Dalila » de Saint Saëns, Rosine du « Barbier de Séville » de Rossini, ou encore la fière et indépendante « Carmen » de Bizet. Sa voix profonde, son timbre rare s’épanouissent pleinement dans le registre parfois lent et proche du contralto du Nisi Dominus de Vivaldi, du Stabat Mater de Pergolèse ou de la Petite Messe Solennelle de Rossini.

 

Son histoire (racontée dans son autobiographie « Les sandales blanches », 2008 – Claman-Lévy), lui a prouvé l’importance de la mixité sociale et culturelle. Elle fonde en 1999 l’association « Voix En Développement » et met en place l’action « Une diva dans les quartiers ». Depuis plus de quinze ans, elle enseigne le chant lyrique aux habitants des quartiers populaires. Sa troupe, composée de solistes, d’instrumentistes professionnels et de chanteurs amateurs se produit dans de nombreuses salles de France et d’Europe.

 

Son engagement pour l’accès à la culture lui a valu d’être nommée au grade de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur le 1er janvier 2016.

Commentaires